L’examen du budget 2015, très étriqué, laissant peu de marge de manœuvre, a divisé majorité et minorité, dans un débat décousu mais joyeux.
À situation grave et inquiétante, le conseil communal a choisi de garder le sourire et le moral. Comme sur le Titanic, le bateau coule un peu mais l’orchestre joue et les passagers prennent un brandy.
Le budget 2015 reflète en effet l’état d’un pouvoir communal attaqué de toutes parts, par le sort et par tous les éléments fédéraux, soufflant fort depuis Bruxelles. Mettet n’est pas isolée dans la tempête. Va falloir faire plus avec moins: c’est l’hyper-synthèse de ce budget.
Pour le CPAS, et en dépit de l’arrivée imminente de 75 nouveaux cas de précarisation, sa présidente Françoise Léglise a choisi de maintenir la dotation communale à son niveau de 2014: 1 200 000€. Et de puiser 165 000€ dans les réserves, ce qu’elle regrette. Pour le reste, on verra en chemin.
La photographie 2015 des finances communales, après révélation des estimations de dépenses et de recettes, fait apparaître un tout petit boni global de… 21 000€. Le prix d’une petite voiture standard en somme. Pour y arriver, l’argentier a dû un peu alambiquer son ouvrage, tel un chimiste, un fou du labo.
La minorité Rops (PS), qu’on a connue plus critique sur le coup, et plus structurée, pense que, au vu de la photo de 2014, ce sera illusoire. Passée au moulinet de la réalité du terrain, celle-ci a effectivement été sur-exposée à hauteur d’un gros million d’€.
Le débarquement de Damien Floymont dans le débat, remonté comme un coucou, a électrisé celui-ci, jusque-là consensuel. D’abord, il a flingué la forme de la présentation. Comme à son habitude, l’échevin des Finances Jacques Ruth, qui a jonglé toute sa vie avec des chiffres, a «assommé » son auditoire. Sa lecture survolante d’un document bien tassé de 11 pages a mis KO debout Damien Floymont qui, noyé dans les chiffres, a déploré un «invraisemblable fouillis ».
Des plus et des moins
«Tu nous as débobiné une fameuse bobine. Je suis peut-être plus lent que vous mais j’espère qu ‘on va rebobiner et s’arrêter sur des séquences » a-t-il envoyé à Jacques Ruth. Et ce dernier d’ironiser: «…mais c’est tellement clair pourtant. Voulez-vous que je relise, page par page, nous avons le temps ». Surtout pas relire Jacques, surtout pas, a rigolé l’assemblée. La minorité est consciente que la marge de manœuvre est étroite pour ne pas dire nulle. Que certaines dépenses – (pour la police et les pompiers notamment) – vampirisent le budget alors qu’en face, les recettes deviennent aléatoires et volatiles.
Luc Vanderweyden (ROPS) ne sent pas, lui, dans le budget, une réelle volonté de neutraliser certains postes de charges. Et il s’est dit tristement interpellé par l’augmentation de la dotation à la Zone de police de l’ordre de 6,6%. «On vire davantage vers l’état policier que vers l’état social… » En fait, c’est surtout dû à l’augmentation des cotisations patronales. «Rien à faire, on doit les payer » souligna le maïeur. Confronté à un feu d’artifices, Fabien Dethier, entre deux querelles d’experts, a bien tenté de faire œuvre de simplification et de pédagogie. «Il faut sérier les questions. Les choses sont très simples dans un budget, ce sont des plus et des moins». En vain. Même la directrice financière, présente dans l’assistance, est appelée à la rescousse pour éclairer ça et là les lanternes.
Si le budget a bel et bien été voté majorité contre opposition, il n’a par contre pas vraiment été critiqué, en l’absence remarquée des deux habituels tontons flingueurs, Robert Joly (ROPS) et Andréa Gagliardi (Gérer autrement).
La minorité a perdu pas mal de temps à essayer de comprendre et de démêler des fils savamment croisés. D’ailleurs, Jacques Ruth, exprimant plus d’une fois sa surprise devant autant d’incompréhension, alors que tout était clair dans sa tête, s’est une ultime fois écrié: «Voulez-vous que je recommence? »